Ultra BPM : courir en transe
Malo Le Fur dessine des pointillés entre la musique électronique et la course à pied et vous recommande les chaussons aux pommes, la côte bretonne et les koalas.
Pour ce nouveau numéro de Waf-Waf, je suis heureux de partager un texte de Malo Le Fur, journaliste chez Radio Nova, spécialisé dans le report de concert et le décodage d’artistes émergents. Sur son temps libre, il court des centaines de kilomètres en pleine nature, boosté par ses écouteurs qui l’abreuvent en production de Four Tet, Dixon ou Biosphere.
Pour Waf-Waf, Malo Le Fur fait le lien entre deux mondes : course à pied sur longues distances et musiques électroniques, en mobilisant l’approche du critique musical britannique Simon Reynolds qui décrit le rôle chimique de l’électronique sur le corps. Entre la rave et le ravito1, il n’y a qu’un (milliers de) pas.
Dans la niche de… Malo Lefur
Dans ma vie, j'ai deux passions. La musique, ce qui me permet de me glisser dans cette newsletter nichée, et courir en montagne longtemps, très longtemps. Cette discipline porte un nom ; l’ultra-trail. À première vue, le lien entre les deux n’était pas évident, mais j’ai un peu creusé. Lors de ma dernière course, qui consistait à traverser le Sahara en courant, une question trottait dans ma tête : quelle est la playlist parfaite pour courir 80, 100, 160 bornes ? Quel BPM allait me permettre d’optimiser ma foulée, d’enrouler les kilomètres sans y penser, de mieux déconnecter mes douleurs ?
Dans mes écouteurs, quand je pars pour de longues sorties, il y a souvent « No Distance » de Dixon, ou « Breather » de Jamie xx. Des titres qui ne hurlent jamais, composés de longues nappes et de boucles qui avancent comme une respiration maîtrisée. Ils n’ont pas vocation à me motiver, ils m’hypnotisent en quelque sorte. Ils m’installent dans un état second, une zone mentale très particulière, un entre-deux de lucidité et d’absence. Et plus je cours, plus je suis convaincu que l’ultra trail et la musique électronique partagent un langage commun : celui du temps étiré et du rythme imposé.
C’est en lisant Simon Reynolds, et notamment son livre Energy Flash: A Journey Through Rave Music and Dance Culture, que j’ai compris à quel point ce que je vivais en ultra avait à voir avec la rave. Reynolds parle de la techno comme une musique qui agit chimiquement, quasi comme un remède ou un stimulateur sur le corps et l’esprit, sur le système nerveux, sur la perception du temps et de soi.
La course d’ultra, elle aussi, produit des états altérés de conscience. Au bout de 6, 10, 20 heures d’effort, on peut arriver à une expérience sensorielle brute, sans artifice, mais qui produit parfois les mêmes effets que certaines musiques ou substances : désorientation, euphorie, hallucinations. Dans une rave, le danseur s’oublie dans le son. Dans un ultra, le coureur s’oublie dans sa foulée. Les deux se synchronisent finalement avec un tempo, un BPM.
Un autre lien fort entre musique électronique et ultra-trail est cet état de flottement, qu’on qualifie en course à pied de “runner’s high”. Ce sentiment de dissolution des limites du temps, de l'espace et du corps. Un sentiment qui peut se rapprocher, par les mêmes mécaniques sensorielles, des raves. Quant au bout de la nuit, dans un moment suspendu, le son devient plus grand que tout le reste. L’effort, comme la musique répétitive, finit par court-circuiter la pensée. On ne décide plus de courir, on est pris dans un flux. C’est une transe auto-induite, sans substance. Mais le résultat est le même : plus de notion de temps, une perception modifiée du réel, un lâcher-prise total.
Il y a une phrase de Françoise Sagan qui résonne bien avec cet état, elle parle ici du club parisien Chez Régine : « Ici, j'ai découvert que le temps pouvait s'échapper des horloges, des rendez-vous, des contraintes, et devenir cette belle mer noire, lisse, étale, qu'est la nuit. » Une phrase qui résonne particulièrement avec une expérience récente. Je me souviens d’un lever du jour, quelque part dans le Massif Central, après plus de dix heures de course. J’étais seul dans une descente sans fin, les jambes déjà bien entamées, mais porté par une énergie que je ne comprenais plus vraiment. Dans mes écouteurs, "Persona" de Rival Consoles. Un morceau qui avance en vagues lentes, avec des textures qui gonflent et se rétractent comme une respiration artificielle. Je n’étais plus tout à fait dans mon corps, j’étais dans ce moment de flottement, ce “runner’s high”.
Ce qui est fascinant, c’est que la musique peut aussi freiner l’effort, à l’inverse de ce que l’on peut imaginer. Certains coureurs utilisent des morceaux à faible BPM (80–100) pour volontairement ralentir leur rythme cardiaque, dans des moments de gestion de l’hypoglycémie, stress d’un départ trop rapide ou montée très longue en altitude.
Dans ces instants, la musique devient presque un outil de biofeedback (phénomène biologique qui permet à l'organisme de réguler une de ses fonctions organiques). Elle donne un tempo plus lent que celui qu’impose l’adrénaline, et oblige le coureur à caler sa respiration sur autre chose que son stress. C’est un usage à contre-courant de la musique que vous trouverez sur toutes les playlists “motivation” ou “work-out / fitness”. Ici pas de kick hargneux, pas de drop. On préfère des nappes lentes, du downtempo, de l’ambient. Des artistes comme Biosphere, Carbon Based Lifeforms, ou même Brian Eno deviennent alors les meilleurs partenaires d’effort : ils apaisent le système nerveux.
C’est à l’opposé de certains styles nés dans les raves — jungle, hardcore, gabber – où la musique est pensée pour synchroniser le corps avec une montée d’ecstasy ou d’amphétamines.
À la fin, trail et musique électronique racontent la même histoire. Un trajet dont on connaît le point de départ, mais jamais exactement la ligne d’arrivée. Elle existe, oui, mais elle peut bouger, elle peut être repoussée ou parfois abrégée. Le temps, entre ces deux bornes, se dilate. Il se contracte, repart, ralentit. Ce n’est pas une trajectoire linéaire, mais plus une courbe sinusoïdale. L’électro est la seule musique qui peut courir avec moi sans me distraire de ce que je suis en train de vivre. Elle me parle pas, elle me pulse. Elle me déconnecte juste ce qu’il faut pour que je continue à avancer. Le BPM d’un morceau prend la forme d’une béquille, essentielle si je veux tenir sur la longueur.
Pour finir, voici un petit guide des morceaux que je me glisse dans les oreilles en fonction des différentes phases de course. Libre à vous de piocher dedans ou non, libre aussi à vous d’enfiler vos chaussures et d’aller gambader. Ces musiques peuvent également très bien s’écouter dans son canap.
Montées régulières (115–125 BPM) :
Le rythme cardiaque monte, mais on reste en contrôle. Ici, des tracks comme « Levo » de Recondite ou « Anasickmodular » de Floating Points sont parfaits. Pas trop rapides, ondulants, ils accompagnent l’effort sans l’accélérer.
Descentes roulantes ou sentiers fluides (125–135 BPM) :
Le moment où on déroule. C’est là que je glisse « No Distance » de Dixon, ou « Rej » de Âme, des boucles simples, qui donnent de l’ampleur au mouvement.
Moments de doute, de nuit ou de solitude :
Quand tout ralentit, que les repères vacillent, j’écoute « Breather » de Jamie xx ou « Perpetual Motion » de Max Cooper. Des nappes longues, un BPM dynamique qui redonne du tempo et permet de se reconcentrer, des morceaux pour accompagner la vulnérabilité
Moments de flow, de légèreté totale :
Ceux-là, on les vit peu, mais on les cherche toujours. Quand la ligne d’arrivée pointe le bout de son nez, on peut se permettre « Glue » de Bicep, « Pick Up » de DJ Koze ou « Teenage Birdsong » de Four Tet.
Chienne de Vie
Quand il n’avale pas des kilomètres jusqu’à l’épuisement, Malo Le fur est comme vous et moi, c'est-à-dire qu’il mène une vie faite de hauts et de bas, de chaussons aux pommes et de petit creux, de balade sur les côtes bretonnes et d’après-midi pluvieux. Dans Chienne de Vie, il nous partage dix recommandations qui améliorent (ou ont amélioré) son quotidien.
🍎 Les chaussons aux pommes
C’est simple, c’est le compagnon idéal. Discret, trop souvent oublié, il est gourmand, faussement sain et idéal pour bien commencer sa journée, ou la finir. Le mieux c’est quand il est très frais, croustillant et que la compote dedans est maison. Le même apport de confort que des chaussons en hiver, version fruitée.
🪗 Les Transmusicales
Comment ne pas être chauvin quand on est breton. Comment ne pas parler des Transmusicales quand on bosse dans la musique et qu’on est rennais. C’est mon festival de cœur, déjà parce que j’y mets les pieds depuis que je suis en âge de les utiliser, et ensuite car c’est l’endroit idéal pour découvrir tous les groupes dont on parlera les prochaines années. Les Daft Punk y ont joué à l’époque où ils n’avaient pas encore de casques, c’est pour dire.
🚂 Discuter dans le train
Parce que tout est plus simple quand on a 2h coincé entre un paysage flou et un voisin qui lit un livre de sociologie. Les conversations de train, c’est un peu comme les rêves, on ne s’en souvient pas toujours, mais elles laissent une drôle d’impression de douceur.
👞 Les Birkenstocks
Accessoire parfait pour laisser respirer nos pauvres petits petons tout en étant confort et beau. Parce que oui, les Birks c’est beau et parfaitement adapté pour toutes les situations. Cependant, je déconseille le port de Birks pour l’ultra-trail. C’est à vous de voir.
👩🍳 Top Chef
Mon péché mignon du mercredi soir. Parce que c’est chouette de s’imaginer déguster des poulardes façon teriyaki alors qu’on a un bol de pâtes au pesto dans les mains. Et puis, ça donne l’impression de savoir cuisiner en râpant un peu de parmesan.
🚐 Mon van
Petit cocon sur roues, grand terrain d’évasion. Dedans, il y a du café tiède, des playlists douteuses, et parfois une fourchette coincée dans le frein à main.
🎸 Kerala Dust
Ma découverte du moment, et difficile de passer une journée sans les avoir dans mes oreilles. Pas littéralement, ils sont quatre quand même. C’est apaisant, c’est poétique, c’est un peu post-punk, c’est très chouette.
🐚 La côte bretonne (oui, toute la côte)
Je vous avais dit que j’étais breton ?
⛪ Le funiculaire de Montmartre
Alors le funiculaire en lui-même, je vous l’accorde, il ne sert pas à grand-chose. À peine deux minutes de trajet alors qu’on pourrait gravir les 222 marches qui le longe. Oui, 222 marches. C’est mon terrain de jeu favori quand je veux essayer d’imiter le dénivelé des hauts massifs.
🐨 Les koalas
Parce que c’est mignon déjà. Ensuite parce qu’ils passent 20h par jour à dormir, parce que c’est innocent et végétarien. Il paraît cependant que les koalas ne sont pas très intelligents, mais ça je n’en sais rien. Je n’ai jamais eu l’occasion de discuter avec l’un d’entre eux dans un train.
Croquettes
Ronger son nonosse, c’est sympa, mais on se sent quand même mieux le ventre plein. C’est pour ça que l’on conclut chaque numéro par un bol de croquettes : des nouvelles sorties à dévorer (et que vous pouvez retrouver en playlist sur Spotify)
🤨 Gillielove - PF1
Artiste installé·e à Paris depuis peu, Gillielove s’est fait une place au sein de la scène bass locale. Iel signe ici un superbe morceau sur la compilation Dancing Poetry III du label Ethos Records, inspiré·e selon ces dires par la scène rennaise et française en général. Hanté par une voix caverneuse, ce track contient toute l’énergie brute qu’on aime entendre dans la bass music, et est susceptible de provoquer des sifflements enthousiastes, du serrage de mâchoire et du froncement de sourcil.
🕸️ Hyas, Aurèle - Craig Mild
C’est 10 ans d’amitié que vous pouvez entendre sur Spider Rituals, disque commun du Lyonnais d’adoption Hyas et du Parisien Aurèle sorti chez Bardouin Records. Les deux sont des techniciens habitués des ondes de Rinse France, et sont versés dans les productions à l’anglaise. Dans leur besace, une récolte de breaks assassins et de basses casseuses de genoux.
🌅 Nick León - R.I.P Current
Omniprésent sur la scène club depuis les 5 dernières années, le magicien de Miami Nick León livre un album sensationnel chez TraTraTrax, label colombien incontournable dans l’électronique actuelle (et sa maison de cœur). A Tropical Entropy est une expression tirée d’un roman de Joan Didion qui décrit Miami dans son entièreté, de ces recoins les plus poisseux à ses atours les plus brillants. Nick León en produit la version sonore, qui peut aussi bien célébrer le bonheur simple d’une baignade en bikini que nous enliser dans un marécage de gadoue.
👾 Hologram Lo’, Jungle Jack, Alpha Wann - SOLO AU RESTAURANT PT.2
Après un Cognac et Cigarette sur la route des vins de France et rythmé par des boucles savantes de Jean Jass, le prodige du 20ᵉ parisien Jungle Jack s’associe à Hologram Lo’ pour un disque au visage rétro. En l’écoutant, on se souvient des aprèm’ passées sur un canapé ou sur un lit à gagner de l’EXP dans des mondes virtuels et passer de niveau supérieur en niveau supérieur. Dans le monde du rap, Jungle Jack est définitivement un PGM (Pro GaMer), ce qui lui permet de jouter sans suer avec le boss final de ce jeu : Alpha Wann. J’espère que vous avez faim, Creamland dégouline de caviar rapologique.
🌹 Isabella Lovestory - Gorgeous
Vanity, dernier album d’Isabella Lovestory est pour moi son meilleur. Elle garde ce qui a fait son succès : une approche déjantée du neoperreo, nourrie d’un bagage riche, qui peut aussi bien citer les magical girls à la Sailor Moon que la pop américaine. Ici, elle livre son opus le plus varié, avec du reggaeton infusé à la musique électronique, des belles envolées de pop musclée et ce titre R&B enfant de l’époque du duel entre Timbaland et The Neptunes.
💔 Kevin Abstract, Love Spells - Post-Breakup Beauty
Kevin Abstract est l’ancien leader du crew Brockhampton et celui dont les aventures en solo me touchent le plus. Son dernier album, Blush, est un effort collectif, qui ressemble à ce que serait The Chronic de Dre s’il avait été produit au Texas, avec comme influence la scène rock alternative qui fond au soleil. Pour le définir, le gamin de Corpus Christi utilise le terme de “Texas Pop”. Le casting de Blush est large : Danny Brown, JPEGMAFIA, Love Spells, Dominic Fike et Truly Young, qui n’est autre que la fille de Dr. Dre. Un disque parfait pour l’heure magique de l’été où il ne fait pas encore frais, mais que le jour touche à sa fin, et qu’on rentre à la maison en traînant ses sandales et son sac de plage.
👮♂️ Pink Pantheress - Illegal (Nia Archives Remix)
Sur TikTok, Gabriel Attal utilise “Illegal” comme fond sonore d’une vidéo où il félicite une stagiaire pour ses bons et loyaux services. Ça m’a un peu gâché le plaisir du morceau original, mais ce remix par la championne de la jungle-pop Nia Archives a tout ce qu’il faut pour me réconcilier.
👨💼 La Mano 1.9 - Businessman
Couronné rookie de l’année dernière sans avoir sorti de projet majeur, La Mano 1.9 ouvre son compteur avec R.A.T, premier long format qui explore les divers styles de la drill. De sa forme la plus classique à ses spin-offs (sample drill, sexy drill ou drill fusionné au rap mélodique de Tiakola). Mine de rien, c’est l’un des albums les plus réussis du genre en France. Il est généreux en tubes et convient aussi bien à une écoute légère, qu’à une analyse à la loupe. Décidément, La Mano a le monde entre ses mains.
👽 Jwles - J’ai ça (Blasé Remix)
Jwles et Blasé sont copains depuis belle lurette, à tel point que l’on ne compte plus leurs collaborations. Les deux comparses se sont même payés un trip new-yorkais pour montrer à On The Radar à quoi ressemble le rap DMV de chez nous. Ici, c’est un remix qui flirte avec une rythmique proche de la “type Jul”. Rapide, rebondissante, addictive. On adore.
☀️ Drugdealer, Weyes Blood - Real Thing
Il faut le reconnaitre, cette nouvelle connexion entre Weyes Blood et Drugdealer n’atteint pas le niveau de l’excellent “Suddenly”, mais ça reste une passe d’arme de haute volée. Et puis, ramenons un peu de chauvinisme dans cette histoire, c’est l’occasion pour le rocker français Max Baby de décrocher un nouveau crédit de production prestigieux, puisque c’est lui qui fait vivre la guitare sur ce titre.
💊 Mike Mike, Yonaa - I Got Something for You
Tous les éléments sont réunis pour qualifier ce morceau de jersey drill, mais quelque chose l’éloigne des autres titres du même genre ; les quelques accords pleins de sensibilité et de nostalgie le rendent infiniment plus doux. Il sample d’ailleurs un classique de club music étasunienne tout aussi sensible : “My Boo” de Ghost Town DJs. Mike Mike et Yonaa se servent de ce canevas pour mettre à plat leur relation fictive - qu’on devine intime - polluée par les substances et l’adultère.
👏 Denden - Clap Clap
Hitmakeuse certifiée depuis les succès de “Padtal” et '“Ils se demandent”, Denden rempile avec deux nouveaux tubes en puissance. Avec “Clap Clap”, Eden Yaba mobilise à nouveau le bouyon pour un titre, en utilisant un de ses gimmicks les plus intéressants : intégrer aux paroles des moments qui signalent au public qu’il est grand temps d’applaudir.
🏃🏻♀️ Fine - Run
Une émissaire de plus de la brillante scène de Copenhague (qui compte Erika de Casier, Molina, Astrid Sonne…), Fine Glindvad Jensen choisit une voie influencée par le bluegrass que jouait son père au banjo dans la maison familiale. Ses productions explorent les territoires de la folk et de la country, en les brouillant à l’aide de techniques de production étrangères à ces genres. Elle y ajoute des effets, de la réverbération, introduit parfois des samples. Elle se rapproche parfois du trip-hop. On sent l’influence des Cocteau Twins ou d’une Lana Del Rey sur sa musique.
💣 ELOI - GENDER BASS VIOLENCE - Club Edit
Version réduite d’un original composé pour accompagné le défilé de Jeanne Friot pour la fashion week, ce titre orageux d’ELOI rappelle une fois de plus son lien esthétique avec la musique de Sexy Sushi (groupe de Rebekah Warrior et Mitch Silver) et le son abrasif de l’électroclash qui faisait la loi sur les dancefloor du début des années 2000. Cela passe bien évidemment par la couleur des basses et les roulements électroniques qui nous bousculent, mais aussi par le traitement de sa voix, qui résonne comme un signal nous dictant notre manière d’encaisser la vague.
👨🚀 Call Super - Mothertime
Call Super (Joseph Richmond Seaton) est un technicien londonien hors-pair, adepte des bangers remplisseurs de salle comme des productions cotonneuses à écouter sous un plaid. Ici, il nous offre un fantastique moment de UK Garage quasi-cosmique, qui pourrait bien être influencé par le jazz spatial de Pharaoh Sanders ou de Nala Sinephro. La différence étant que ces derniers mettent en bouteille le son des étoiles, tandis que Call Super fait chanter et vibrer les météores.
🌎 Introspekt - 2 The Front
Il y a quelques mois, Beatrice M. (Producteur.ice, DJ du milieu bass/dubstep français) a signé un texte pour Waf-Waf sur les liens entre dubstep et tech house. Sa lecture mettait en évidence des liens persistants mais méconnus entre les deux genres. L’album de la productrice de Los Angeles Introspekt existe justement dans cette intersection, tout en prenant le meilleur des deux mondes : des basses gigotantes masseuses de cortex et une rythmique irrésistible.
🍦BunnaB - Ice Cream Girl
Avec son esthétique bad bitch versée dans un bac de peinture rose bonbon, on serait en droit de penser que BunnaB n’apporte pas grand chose comparativement à une Nicki Minaj. Mais son utilisation répétée de mélodie enfantine (des comptines sur un morceau et ici la musique que diffuse les camions de glaces pour attirer les gamins) la place dans une niche peu exploitée. Et puis, sur un point plus rapologique, elle pose super bien et le résultat et sacrément entraînant.
🌶️ DJ co.kr, Deize Trigona - Pika - WOST Remix
Le nom de Deize Trigona ne vous dit sans doute pas grand chose, pourtant il est fortement probable que vous ayez entendu son travail, puisque l’album Arular de M.I.A produit par Diplo a été composé en se servant allégrement dans ses productions. Je suis donc super heureux de la voir de retour et bien accompagnée qui plus est. C’est le sud-coréen DJ co.kr qui l’épaule ici, avec un pack de remixeurs bien choisis parmi lesquels DJ Babatr et WOST.
🐢 Tortoise - Oganesson (Makaya McCraven Remix)
Jouer au jeu de la nomenclature avec la formation de Chicago Tortoise ne nous éclaire pas beaucoup. On entend chez eux du krautrock, du jazz, du dub, de la musique électronique mais la presse semble s’accorder pour leur coller l’étiquette “post-rock”. Silencieux depuis 2016, le groupe est de retour avec un morceau sorti chez International Anthem, qui a été par la suite remixé par des artistes proches du label, c’est Makaya McCraven, ancien du groupe de jazz-hop Cold Duck Complex, qui s’y colle.
⭐ Danny L Harle, Pink Pantheress - Starlight
Huge Danny est de retour ! Joie. Il recrute ici Pink Pantheress pour ouvrir ce nouveau chapitre chez XL Recordings qui s’inspire (selon le communiqué de presse) des “madrigaux élisabethains” c’est à dire les poèmes de l’ère shakespearienne. D’ailleurs, Pink Pantheress s’était offert un remake esthétique calqué sur cette période pour le clip de “Tonight” - les connections sont multiples ! Je me souviens aussi de la passion de Danny L Harle pour les foires de reconstitution de la Renaissance, et du fait que la scène arty/hyperpop/beaux-ardeuse a une passion pour le médiéval. Tout ça pour dire que je me frotte les mains à l’écoute de ce titre.
Dans le monde du trail, ravito, c’est le surnom des arrêts où l’on se ravitaille.