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Dans la niche de... Saku Sahara

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Saku Sahara explore les liens entre la drum'n'bass et la culture japonaise et vous recommande Doma, Feldup et The Promised Neverland.

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janv. 29, 2025
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Dans la niche de... Saku Sahara
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Pour ce nouveau numéro de Waf-Waf, je suis heureux de passer la main à Sarah Millet aka Saku Sahara, DJ issue de la scène lyonnaise, et également grande exploratrice de la bass music, dont elle est l’une des plus fervente représentante de l’hexagone. Saku Sahara est également productrice : elle a ouvert son compteur avec “Drums Unity”, un titre niché dans le catalogue de Quarantine Sonic Squad, et rempilé avec l’excellent “Pinky Promise” (l’une des secret weapons les plus efficaces que j’ai pu entendre), produit en collaboration avec XLsky. Elle planche actuellement sur la suite, avec un projet à venir courant 2025. On a hâte.

Pour patienter, on peut en profiter pour lire son papier, où elle rapproche deux de ses obsessions : la bass music britannique et la culture japonaise. Ainsi, elle revient sur les bande-sons de jeux vidéos produits au pays de Soichi Terada, des tracks du ponte de la dance music anglaise Kode9, et même une relecture du classique WipEout par le nantais Simo Cell. C’est riche, personnel et survitaminé. Scrollez vers le bas pour lancer la partie.

Quand la culture japonaise et la scène jungle britannique se rencontrent :
une exploration personnelle

Hello, c’est Saku plus connue sous le nom de Saku Sahara. Aujourd’hui, on m’a demandé d’écrire un article sur le thème de mon choix en lien avec la musique. Il était évident qu’il fallait que je parle de ce qui m’anime le plus dans la vie, la culture pop japonaise et/ou ce que je défends dans ma musique : la scène bass music, principalement anglaise.

En tant que passionnée de bass music et de culture jap’, je me suis dit que ce serait intéressant que j’arrive à faire rencontrer ces deux mondes apparemment éloignés.
À première vue, la jungle née dans les clubs underground anglais et l’univers des animés japonais semblent appartenir à des mondes parallèles, sans réel point de rendez-vous. Mais je voulais creuser un peu plus pour découvrir que ces deux scènes ont entretenu un dialogue créatif bien plus profond qu’il n’y paraît.

Ma découverte de la jungle ne s’est pas faite dans un club londonien comme beaucoup d’autres convertis, mais plutôt dans un tout autre milieu : celui des jeux vidéo fabriqués au Japon. À une époque où je passais des heures devant ma console, j’ai été captivée par les bandes-son énergiques et les ambiances immersives de certains titres phares des années 90. Des jeux comme Tekken ou Final Fantasy ont été mes premières incursions dans cet univers sonore où les rythmes frénétiques et les basses profondes semblaient tout droit sortis d’une soirée au Camden Palace avec Kemistry & Storm.

Les compositions que j’entendais dans ces jeux étaient souvent signées par des artistes influencés par la jungle, la drum and bass, ou le breakbeat. C’est ainsi que des noms comme LTJ Bukem, The Prodigy et Goldie ont commencé à résonner dans mon esprit, bien avant que je ne plonge dans leurs discographies. Je me souviens encore des moments où, le casque vissé sur les oreilles, je me laissais emporter par ces morceaux qui m'incitaient davantage à naviguer à pleine vitesse dans des environnements futuristes. C’était pour moi un véritable voyage, non seulement à travers des mondes imaginaires, mais aussi qui me plongeait dans la culture musicale underground de l’époque dont je n’imaginais pas qu'elle aurait autant d’importance dans mon travail aujourd’hui !

En écoutant ces morceaux dans le contexte des jeux, j’ai réalisé à quel point la jungle pouvait capturer cette énergie brute, ce besoin de liberté et cette quête d'identité propre aux années 90. À mesure que je grandissais, j’ai commencé à chercher des compilations, des mixes et des documentaires pour en apprendre davantage sur cette musique qui m’avait tant marqué à travers l’écran de ma télévision. Mon lien croissant avec la scène électronique m’a tout de suite emmené vers un album : Sumo Jungle Grandeur de Soichi Terada.

Soichi Terada est un compositeur, producteur et DJ japonais, reconnu pour ses créations mêlant house, jazz et sons traditionnels japonais. Fondateur du label Far East Recording, il s’est illustré sur la scène électronique avec des productions emblématiques. Pour en savoir davantage, je vous invite à regarder cette belle interview par le média Archipel :

Il s'avère également que Soichi Terada est le compositeur du jeu mythique Ape Escape. J’ai appris que c’est en 1998, lorsque le directeur d’Ape Escape découvre le morceau Sumo Jungle, qu’il lui propose de composer la bande originale du jeu. Quelques années plus tôt, en 1995, il s’était passionné pour la musique Jungle et Drum’n’Bass, ce qui l’avait conduit à réaliser un remix intitulé Sumo Jungle de la chanson hawaïenne Tengoku Kara Kaminari (Thunder From Heaven). Initialement publié sur son label comme un remix pirate, il a ensuite régularisé la situation en obtenant l’autorisation officielle de l’éditeur hawaïen et en versant des royalties.

En parallèle de cette scène jungle britannique effervescente, un autre mouvement se développait donc de l’autre côté du globe : la culture pop japonaise, avec ses animés, mangas et jeux vidéo. Et ce n’est pas par hasard que la présence de la jungle music soit aussi marquée dans les jeux vidéo, car ils sont tous deux nés dans la même période. La jungle music partage avec de nombreux jeux vidéo un goût pour les environnements intenses, futuristes et parfois chaotiques. Les breakbeats rapides et les lignes de basse profondes apportent une sensation d'urgence et de dynamisme qui s’intègre idéalement dans des jeux d’action, de science-fiction ou de course :

  • Wipeout (série emblématique de jeux de course futuriste) a inclus des morceaux de jungle et de drum and bass pour souligner selon moi la vitesse et la tension des courses.

  • Ridge Racer Type 4 a utilisé des sonorités électroniques proches de la jungle pour renforcer l’immersion dans un univers urbain et technologique.

Ces sonorités sont également parfaites pour accompagner des thématiques de cyberpunk ou de dystopie, souvent présentes dans des jeux influencés par des œuvres comme Akira ou Ghost in the Shell. L’autre pont entre la jungle music et le Japon sont les avancées technologiques dans la production musicale (samplers, synthétiseurs, trackers) et qui coïncidaient avec une évolution majeure dans le développement des jeux vidéo. Ces deux domaines partageaient un langage commun basé sur l'innovation sonore. Les consoles comme la PlayStation 1 sortie en 1994 et la Dreamcast en 1998, avec leur capacité à intégrer des pistes musicales de haute qualité, ont permis d’introduire des genres complexes comme la jungle dans leurs bandes-son.

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