Dans La Niche de... Kenza Naaimi - El Fezzazi

Kenza Naaimi - El Fezzazi détaille son amour pour les interludes dans le rap, et nous recommande des adresses de bobo, un pianiste pédant et la diva Haja El Hamdaouia

Pour ce nouveau numéro de WAF-WAF, je suis heureux de recevoir Kenza Naaimi - El Fezzazi, journaliste et musicologue basée à Paris. Vous avez pu entendre la voix de Kenza sur les ondes de Radio Nova ou de FIP où elle enrobe la selecta d’anecdotes et, à l’occasion, tendu le micro à quelques figures des musiques actuelles comme Nia Archives, Tommy Cash ou Skrillex. Si vous scrollez dans les plateformes de podcasts, vous avez pu cliquer sur ses créations BELDIYA بلدية sorti chez Grünt ou Ma Première Fois produit avec Trax et Red Bulletin. Kenza-multicasquettes signe également des articles pour la version papier de ce média boosté à l’energy-drink, où elle met en lumière des artistes à suivre, comme Meel B ou Montell Fish.

S’il y a bien une chose que son parcours d’auditrice lui a enseigné, c’est que la conception globale d’un album permet de raconter une histoire. Dans un projet, on peut retrouver tout ce qu’on retrouve quand on regarde un film ou quand on lit un bouquin : des hits, des moments plus sombres, certains plus joyeux, et des pauses… Dans son article, Kenza traite de la version rapologique de ces pauses : les interludes. En quelques lignes, elle nous raconte pourquoi ces courts moments de sons sont primordiaux pour connaître les artistes sur le bout des doigts.

Tournez les pages, écoutez les interludes

Quand j’écoute un album, je l’imagine exactement comme la lecture d’un roman d’aventure. L’artiste serait un espion, un personnage en quête d’un trésor perdu ou un enfant abandonné qui essaierait de retrouver les siens. Le tout dans une situation de départ, une situation que j’imagine toujours « malheureuse ». Alors, j'écoute cet album, de morceaux en morceaux, comme on tournerait les pages d’un roman policier, et ce, jusqu’à l’arrivée de ce qu’on appelle : l’élément perturbateur. 

Pour beaucoup, ce composant déclencheur pourrait se comparer au hit de l’album. Ce single que l’artiste va teaser quelques semaines avant la sortie de son projet, un presque tube que tout le monde connaît déjà par cœur. Pour comprendre tout ça, on peut s’appuyer de “La clé” de Tiakola juste avant qu’il sorte Melo ou encore “La Faille” de TRIPLEGO en featuring avec Kekra, qui précédait le magnifique GIBRALTAR, sorti l’année dernière. 

Eh bien, pour ma part, l’élément perturbateur, (et ce mot a été choisi à la perfection), ça n’est pas le hit de l’album, mais bel et bien l’interlude. Perturbateur, car il vient complètement chambouler ma vision du projet tout entier, me rapprochant souvent du personnage principal et, dans la majorité des cas, finira par être la piste que je vais garder de l’album, ou au moins celle qui me marquera le plus.

Mais l’interlude, à quoi ça sert ? 

Si ce moment est de loin celui que je préfère, c'est pour plusieurs raisons évidentes. C’est d’abord un moment qui permet à l’artiste de souffler, ou de passer à une autre partie du récit. L’interlude peut renforcer un point de l’album, voire sa narration toute entière. Il peut autant appuyer certains thèmes qu’en développer d’autres et sert souvent d'appui au morceau qui le suivra, ou à celui qui le précède - dans ce cas-là, il sera une belle introduction ou conclusion musicale. 

Mais ce que je préfère par-dessus tout, c’est quand l’interlude va permettre à l’artiste de s’amuser un peu. J'entends par là : proposer des sonorités, des tonalités et des mélodies dont il n’est pas du tout accoutumé. Il peut donc s’essayer à d’autres genres et même montrer une facette qui surprendra l’auditeur.