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Basspunk et souvenirs bloghouse

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Adélaïde de Cerjat se balade autour du terme "basspunk" initié par le groupe Bassvictim et revient sur l'ère bloghouse qu'elle a vécu depuis la Pologne

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mai 20, 2025
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Basspunk et souvenirs bloghouse
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Pour ce nouveau numéro de Waf-Waf, j’ai le plaisir de vous partager un texte d’Adélaïde de Cerjat que vous avez pu lire sur les hyperliens de Manifesto XXI et chez Resident Advisor. Elle est également la co-fondatrice du média Mana, créé par amour de la non-linéarité et des histoires qui sortent des sentiers battus. Avec Mana, elle ouvre un espace à des artistes des scènes électroniques, ambient et qui échappent aux classifications, pour des interviews, des reviews et du reportage in situ.

Dans son article, Adélaïde dépoussière des souvenirs bloghouse, en réinvoquant quelques groupes devenus cultes. Cette ère, elle l’a vécu depuis la Pologne où elle a passé son adolescence en écumant des espaces virtuels pourvoyeurs de son. Tout ceci l’amène au groupe Bassvictim à l’allure de bloghouse farcie à la basse UK, et sa chanteuse Maria Manow qui écrit en polonais. Embarquez donc pour un trip qui lie des temps révolus à un des groupes les plus saisissants de la scène actuelle, parent d’un curieux terme qui pourrait bien devenir un genre : basspunk. Comme le souligne Adélaïde, on pourrait déjà rattacher quelques morceaux dans l’ère du temps à ce terme.

Dans la niche d’Adélaïde De Cerjat

Qu’ont en commun Charli XCX, Skrillex, Flume, Brodinski, The Dare et Gesaffelstein ? Pour certain.e.s d’entre vous, c’est sûrement des artistes qui ont rythmé votre adolescence, mais qui, depuis un ou deux ans, ressurgissent tels des fantômes du passé. Même Sky Ferreira nous a promis un album en 2025, qui s’appellera Masochism. Des productions qui étaient très DIY, trap-like et EDM penchant sur le dubstep se font désormais plus matures et réfléchies. Directement, je pense aux années 2010, époque très qualifiée musicalement par la blog-house symbolisée par des labels comme Fool’s Gold ou Ed Banger, mais aussi l’Indie Sleaze à la Libertines, MGMT (parfois), Justice, LCD Soundsystem, ou encore Vampire Weekend.

Malgré les catégorisations de genres, cette époque était souvent qualifiée de « gros bordel » où tout était permis. Stylistiquement et musicalement parlant, les frontières entre électronique, pop et rock étaient très fines. Je conseille vivement de se plonger dans les archives du photographe Mark Hunter AKA The Cobrasnake. On y voit Katy Perry chiller aux côtés de Steve Aoki, Cory Kennedy s’accoler à Kim Kardashian pendant des concerts d’indie. Un monde dans lequel rien n’était absurde, où les catégorisations n’avaient pas de sens, car au fond, tout ce qu’on voulait, c’était faire la fête, et créer de la musique pour cette seule et unique raison.

Ce qui est primordial de noter comme différence à cette époque, c'est la quasi-inexistance de viralité exponentielle alimentée par les algorithmes des réseaux sociaux. Il semble que la notion de communauté globale ait atteint son apogée à ce moment-là. J’irai même jusqu’à dire que cette époque était véritablement révolutionnaire et punk — mais je suis probablement biaisée.

Cette envie de liberté se ressentait aussi au niveau du partage musical. C’était l’époque post-Myspace, Limewire et des débuts de Soundcloud, de Blogs à foison où les partages d’albums se faisaient au niveau personnel, “from peer to peer”. Selon moi, c’était l’âge d’or de la critique musicale, qui ne semblait pas unilatérale. Chaque opinion partagée sur internet pouvait susciter des réponses à travers des commentaires, qui alimentaient la discussion sur un projet. On partageait des liens de téléchargement dans des articles, dans des commentaires ou encore dans des newsletters.

J’étais adolescente, vivant en Pologne, et je consommais une dizaine d’articles de blogs par jour grâce à Bloglovin, outil de référencement de blogs qu’on peut aujourd’hui remplacer par Feedly. Mon ordi était peuplé de tracks mp3 mal rippées, ou juste de très basse qualité. Beaucoup de ces espaces ont disparu. Ce qu’on pensait figé pour toujours sur Internet s’efface plus vite qu’on ne l’imagine. C’est à nous, passionné·e·s, d’en devenir les archivistes, les passeur·se·s de mémoire — pour éviter que ces scènes, ces sons, ces moments, ne tombent dans l’oubli à mesure que les plateformes changent ou ferment.

Tout cela m’amène au groupe Bassvictim, et au terme Basspunk qu’iels ont inventé. Je pense que ce mot permet de résumer tout ce qui a été évoqué précédemment, et d’englober tous les genres dans une même envie de révolution joyeuse et communautaire. Iels ont réussi à rendre hommage à cette époque à travers leur approche de la communication et bien évidemment le son.

Vous allez voir, ce n’est pas anodin :

  1. Après avoir arpenté les soirées londoniennes, iels en sont arrivés à la conclusion qu’aucune ne correspondait à leur notion de la fête. Iels ont donc fondé “VOTB” (ou “victim of the bass”) pour faire les choses à leur façon dans le Sud de Londres

  2. Maria Manow exprime incessamment son amour pour la Pologne, son fief natal. Elle chante et écrit en polonais, et vit la Pologne dans sa vie de tous les jours, comme exprimé dans un post instagram. La track “As Long As” tirée de Basspunk en est l’exemple le plus évident.

  3. Leur énergie rappelle directement l’explosion sonore des débuts de la bloghouse — aussi frontale qu’un Waters of Nazareth, avec des drops à la Skrillex. Ce mélange d’intensité rave, de déviance assumée et de clins d’œil à l’euphorie des années 2010 rend leur démarche particulièrement unique dans le paysage actuel.

Lorsque j’ai écouté leur album, un énorme sentiment de nostalgie m’a envahie. Ça m’arrive souvent avec la musique, et certains labels parviennent à provoquer cela plus facilement que d’autres — comme Posh Isolation ou Janushoved. Mais chez eux, c’est surtout une mélancolie symphonique : favorisée par des nappes orchestrales, des voice notes préenregistrées, l’usage de field recordings, etc. Mais là, c’est une autre forme de nostalgie : celle d’une époque révolue, d’une révolution sonore qui passait par le partage de musique, par l’aspect brut et non lissé de soirées souvent très crades, et par l’art de mixer des tracks à la qualité plus que douteuse.

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